On a tendance à croire que dans les pays en développement, l’allaitement exclusif est la norme. Est-ce vraiment le cas? Non. Les vagues pro-biberons, les croyances qui veulent que le colostrum soit néfaste ou encore la certitude que le lait seul ne désaltère pas suffisamment sont autant de raisons invoquées par les mères à travers le monde pour offrir autre chose que du lait maternel à leur nouveau-né.
Les statistiques de l’UNICEF sont éloquentes. Par exemple, 4% seulement des nouveaux-nés au Niger, 7% des petits vénézueliens et 5% des bébés thaïlandais bénéficient d’un allaitement exclusif durant les premiers mois de vie. De quoi sursauter! En fait, rares sont les pays où plus de la moitié des bébés sont allaités exclusivement. Les Rwandais sont champions avec un score de 88%, mais partout ailleurs, de l’eau, du lait artificiel ou d’autres substances comme du jus d’orange ou de l’eau sucrée sont données.
En moyenne, parmi les pays recensés, ce sont 37% des poupons qui ne connaissent que le sein de leur maman avant l’âge de 4 mois. Quand on connaît les difficultés économiques et la mauvaise qualité de l’eau à laquelle ont accès la majorité des populations qui vivent dans plusieurs coins du monde, ce chiffre est incroyablement bas.

Source : Unicef
Dans la plupart des cas, c’est le fait que de l’eau est aussi offerte aux nourrissons qui fausse la donne. Par exemple, en Côte d’Ivoire, moins de 10% des bébés reçoivent exclusivement du lait maternel. Ce chiffre grimpe à 80% si l’on ajoute ceux qui sont allaités, mais qui reçoivent aussi de l’eau.
Le colostrum (liquide sécrété par la maman dans les premiers jours, plus épais et jaunâtre que le lait), est considéré comme mauvais dans plusieurs régions du monde. Certains croient qu’il donne la diarrhée ou encore qu’il n’est pas suffisamment nourrissant. Pourtant, les médecins s’entendent désormais sur le fait qu’il est très riche en protéines et en anticorps indispensables à l’immunisation du nouveau-né.
Ici? Quand même pas si mal. Au Québec, c’est environ 60% des femmes qui allaitent à l’hôpital. 46% le font encore exclusivement après 3 mois, puis le chiffre baisse à 6% lorsque le bébé a six mois.
Rappelons que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l’allaitement exclusif jusqu’à l’âge de six mois, suivi de la poursuite de l’allaitement avec l’ajout d’aliments complémentaires jusqu’à l’âge de deux ans ou plus pour que l’enfant ait une croissance, un développement et une santé optimaux. Fait étonnant, même les mères porteuses du VIH sont encouragées à allaiter dans les pays en développement : les chances de transmission du virus sont moins grandes que les chances que le bébé meure dû à de l’eau de mauvaise qualité.
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Pendant ce temps, en Mongolie…
Je lisais cet article : Breastfeeding in the land of Ghengis Khan, écrit par une Anglaise qui a passé trois ans en Mongolie lorsque son fils était bébé. Elle explique à quel point il est naturel, pour les Mongoles, d’allaiter tardivement leurs enfants. Il paraît que ça rend fort et dans un pays où la lutte est le sport national…
Vue la passion qu’entretiennent les Mongols avec les produits laitiers, je n’ai aucune difficulté à le croire. C’est dans ce pays que le lait de jument fermenté (vraiment moins dégueux que ça sonne) est apprécié, que l’ont fait sécher le fromage sur le toit de la yourte et que l’on connaît les subtilités de la différence entre le yogourt de yak, celui de chèvre et celui de vache!

Fromage qui sèche sur le toit d'une yourte mongole
Ici? Quand même pas si mal.
Au Québec, c’est environ 60% des femmes qui allaitent à l’hôpital. La moitié le font encore exclusivement après 3 mois, puis le chiffre baisse à 6% lorsque le bébé a 6 mois.